• Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim

    Biographie

          Agrippa mena une vie très aventureuse. Doué de beaucoup d'esprit et de savoirs, il était d'une humeur chagrine : ainsi tous ses écrits sont marqués d'une critique outrée et d'une satire amère. Comme Paracelse, son contemporain auquel on l'associe, il se plaisait à avancer des paradoxes.

          Sa carrière, moitié scientifique, moitié politique, fut toujours orageuse. Il suivit d'abord le parti des armes en servant durant sept années dans les armées de Maximilien Ier en Italie. Il reçut, en récompense de sa valeur, le titre de chevalier. Quittant ensuite cette carrière, il étudia le droit, la philosophie, la médecine et les langues.

          Venu en France en 1506, il fut nommé, en 1509, professeur d'hébreu à Dôle, où il expliqua publiquement le livre de Reuchlin, « De Verbo mirifico », premier ouvrage européen entièrement consacré à la kabbale. Il décida de défendre une jeune paysanne accusée de sorcellerie comme le fera son élève Jean Wier dans « De praestigiis daemonum » (De l'imposture et tromperie des diables - 1564) et s'attira la colère des inquisiteurs. Accusé d'hérésie, il doit se réfugier à Londres.

          A son retour d'Angleterre, il professa la théologie à Cologne, et, en 1511, fut choisi par le cardinal Santa-Croce pour siéger comme théologien à un concile tenu à Pise. Peu après, il professa à Pavie et ouvrit des cours sur Mercure Trismégiste (théologien).

          Il quitte l'Italie en 1518. Après avoir demeuré quelque temps à Fribourg et à Genève, il s'établit à Lyon, en 1524, pour y exercer la médecine, dix-huit ans après avoir reçu le titre de docteur. Ses connaissances pratiques se bornaient à un répertoire de formules qu'il employait empiriquement. Il n'en n'obtint pas moins une réputation assez brillante pour que Louise de Savoie, mère de François Ier, le nommât son médecin. Louise de Savoie voulait également qu'il fût aussi son astrologue , mais Agrippa répondit qu'il ne devait pas être employé à satisfaire une vaine curiosité. Cette réponse était l'expression de son mépris pour un art toujours futile et quelquefois dangereux.

          Chassé de France, il se rend aux Pays-Bas où il devient historien de cour et archiviste de Marguerite d'Autriche régente des Flandres. A la mort de la régente, Agrippa composa son oraison funèbre.

          Il avait publié, quelque temps auparavant, son ouvrage « De la Vanité des sciences » qui fut vivement censuré par ses ennemis. Peu de temps après, ces derniers s'élevèrent avec encore plus de force contre son ouvrage « Philosophie occulte » publié à Anvers qui le fit d'ailleurs accuser de magie.

          Ses puissants protecteurs ne purent empêcher qu'il ne fût jeté dans les prisons de Bruxelles. Après un an de détention, il se rendit à Cologne, dont l'archevêque avait reçu la dédicace de sa « Philosophie occulte ».

          Agrippa ne redouta le fait pas de retourner en France dans le but de s'établir à Lyon, mais à peine arrivé dans cette ville, il y fut arrêté pour avoir écrit contre la reine mère. Sorti de prison en 1533, il alla finir sa carrière à Grenoble, dans un hôpital. Il meurt à l'âge de 49 ans.

          Il ne professa jamais publiquement la religion réformée : il fut catholique autant que pouvait l'être un homme qui distribuait des formules pour composer de parfums et des talismans magiques...

    Principale Bibliographie


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  • Albrecht von Bollstädt dit Albert le Grand

    Biographie

          Albert est issu d'une famille noble de militaires. Alors qu'il étudie les lettres et la médecine à Venise et à Padoue, il découvre en 1223 l'ordre des dominicains, qu'il décide de rejoindre. Il étudie alors la théologie à Cologne et y enseignera à partir de 1228.

          Vers 1240, il va enseigner à Paris et il est nommé Maître de l'Université de Paris en 1245. Il fait la connaissance d'un étudiant du nom de Thomas d'Aquin qui sera son disciple. Passionné par les ouvrages grecs (en particulier ceux d'Aristote) et arabes, il se lance dans leur étude.

          C'est en 1248 qu'il retourne à Cologne où il est chargé de fonder l'Ecole Supérieure de Théologie (Studium generale) qu'il dirige jusqu'en 1254.

          Il occupe ensuite les charges de provincial des dominicains germaniques puis d'évêque de Ratisbonne avant de poursuivre son enseignement de ville en ville (Würzbourg, Strasbourg, Cologne). Il revient finalement à Paris vers 1276-1277, pour tenter d'apaiser l'hostilité des théologiens de l'université contre les philosophies grecque et arabe. Ses trois sujets de prédilection sont la philosophie, la théologie et les sciences naturelles.

          Il réalise une œuvre sur le modèle de l'encyclopédie d'Aristote : ses traités de sciences naturelles condensent les textes grecs et latins commentés et complétés par les Arabes.

          Dans son traité « Des Animaux » est composé de dix-neuf livres rapportant les données antiques et de sept livres qui sont les fruits de ses observations et de ses enquêtes auprès de chasseurs, fauconniers, baleiniers...

          Dans « Des Végétaux », il classe plus de quatre cents espèces végétales.

          Dans « Des minéraux », il classe plus d'une centaine de minéraux notamment grâce à ses observations dans les mines de Saxe.

          Dans « Des animaux et Des végétaux », c'est toute la faune et la flore d'Europe du Nord qui sont passées au crible. Il observe la reproduction des insectes, étudie le développement du poulet, de poissons et de mammifères. En botanique, il met en évidence l'importance de la lumière et de la température sur la croissance des végétaux et émet l'hypothèse que la greffe peut permettre de développer de nouvelles plantes.

          Il s'intéresse également à la médecine et au comportement physiologique (Du sommeil et de la veille, De l'esprit vital et de la respiration…) et à l'astronomie (Du ciel et du monde, Météorologiques.

          Son œuvre philosophique est très importante : ses paraphrases d'Aristote ont été des vecteurs de diffusion en Occident pour les philosophies grecques et arabes qu'il a été le premier savant chrétien (vite relayé par son disciple Thomas d'Aquin) à faire entrer dans la doctrine chrétienne.

          Reconnu par ses contemporains, Albert sera béatifié en 1622, canonisé par le pape Pie XI en 1931 et est proclamé patron des savants chrétiens en 1941.

    Principale Bibliographie

    • Summa de Eucharistiae Sacramento. Ulm : Johann Zainer, 1474
    • Philosophia pauperum. 1e édition, 1490, 2e édition Brescia Battista de Farfengo 1493
    • De Anima libri tres. De Intellectu et Intelligibili libri duo. Venise : Joannes & Gregorius de Gregoriis, de Forlivio, 1494
    • Summa de creaturis
    • De minerali[b]u[s].Principis philosophorum Domini Alberti magni Ratisponsensis Ecclesie Episcopi. Cologne: Cornelius von Zieriksee. 1499
    • Prima et secunda partes postille super Evangeliare Luce. Hagenau, Henricus Gran for Johannes Rynman 1504
    • De Natura Locorum. Vienna : H. Vietor & J. Singriener, 1514
    • Grand-Albert, Petit-Albert

          Sous le nom d'Albert le Grand, un vaste corpus de textes alchimiques se constitua à partir du XIVème siècle et ne cessa de se développer.


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